Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Présentation

Partenaires

logo 

logoF noir

Archives

Trans-canada2011

logo gwen def noir[1]

La traversée du Canada d'Ouest en Est, de Vancouver à Halifax. 6012.9 km en course à pied. Aucun jour de repos. Plus de 65 km de moyenne par jour .

2 octobre 2014 4 02 /10 /octobre /2014 11:28

Une traversée Nord-Sud-Nord de la Bretagne en course à pied, ça donne 243 km à parcourir du phare de Roscoff à Mousterlin et de Mousterlin au phare de Roscoff.

 

Sur le papier, le programme est alléchant et les 42 heures de délai assez large pour passer dans les temps. Mais entre ce qu'on peut imaginer, prévoir ou viser, il y a bien des inconnus et des kilomètres parfois interminables.

 

Après une mauvaise nuit de sommeil au gymnase de Roscoff et un lever à 4h30, nous voilà partis du pied du phare vers 6h. 24 concurrents sur l'aller-retour plus un duo. Cette distance non-stop dans un délai aussi court est une 1ère pour moi, je pars donc tranquillement. Du moins beaucoup plus prudemment que sur l'Armorbihan (190 km) au mois de mai où j'avais fait 50 km en 5h, 100 en 11h30 et abandonné au 124.

 

Chacun prend son allure et le groupe s'étire. Je n'arrive pas à trouver un rythme agréable pendant 2h30 puis ça se met en route. Je suis pour l'instant "en solo" puisque Kalie, Lena et Awen doivent arriver dans la matinée pour m'aider, avant l'arrivée de Christian et Michèle (accompagnateurs des 15 derniers jours Canadiens en 2011, C&M pour la suite du CR) qui doivent rester jusqu'au bout. Une fois que l'allure s'est mise en place, tout va bien jusqu'au 1er ravito, à Brasparts km 57, atteint en 6h28 pile poil dans mes prévisions. Il est 12h30, C&M viennent de rejoindre Kalie et les enfants. Je m'arrête 20 bonnes minutes pour manger et me détendre. C'est Marcel et Marie, bénévoles sur la Transe-Gaule également, qui tiennent le stand casse-croûte !

 

Je garde mes bonnes sensations jusqu'au km 80 puis ça va commencer à être moins drôle. J'ai un peu chaud et la succession de montées-descentes style montagnes Russes devient usant. Je récupère un concurrent déjà rencontré sur la Mil'Kil, Stéphane Clément, qui fait une pause dans l'herbe. Il est en solo et souffre de la chaleur et de la fatigue... Je lui propose de grimper cette foutue côte avec moi. Nous allons faire un bon bout de route ensemble, au moins jusqu'au km 100 (12h40 de course) où nous allons nous partager une bière. On se pose un peu, C&M nous ravitaillent pour cet apéro improvisé. Un peu requinqués, nous reprenons notre tout petit rythme. Petit à petit, je vais reprendre de l'avance et me retrouver seul jusqu'au ravito 2, à l'hotel situé près de la pointe de Mousterlin. Il est 21h40 et la nuit est là depuis un moment. Entre temps, j'ai croisé quelques coureurs qui avaient déjà fait demi-tour pour remonter vers Roscoff. Les 10 premiers en fait. La tête de course (A.David et S.Ruel) est déjà très loin de ses poursuivants à une allure indécente pour moi. Nous ne jouons pas dans la même cour de toute façon.

 

C&M me ravitaillent tous les 6-8 km depuis Brasparts et il va falloir qu'ils se reposent aussi un peu à mi-parcours. J'arrive en 12 ème position mais peu m'importe puisque j'ai décidé de rester un moment.

 

Une toilette rapide avec des lingettes bébé, j'enfile une tenue propre et mange un morceau avant d'aller m'allonger dans un sac de couchage sur le carrelage de la salle. Charles et Janine, eux aussi bénévoles TG, sont les tenanciers de la place.

C&M, après un repas rapide, filent aussi se coucher dans leur voiture. Ils m'ont demandé 4h pour récupérer.

 

Evidemment, impossible de dormir dans cette position inconfortable, avec le défilé de coureurs qui arrivent, papotent, se ravitaillent et je ne suis pas assez fatigué pour sombrer rapidement. Finalement, après avoir lutter inutilement pour m'endormir, je relève ma carcasse vers 0h15 pour manger de nouveau et tenter de repartir. Nous quittons la salle à 4: René Heintz, Philippe Brunschwig, Xavier Mauban et moi. Il reste Jean-Michel Frémery, qui dort. Nous sommes donc avant derniers. Xavier veut marcher tranquillement, alors nous partons à trois. Pendant 4h30, notre trio va avancer doucement. Nous discutons pour passer le temps car notre rythme est vraiment lent. C'est néanmoins plus facile et agréable à 3, surtout que les descentes de l'aller se sont transformées en montées.

 

C&M recommencent leur job de ravitailleurs vers 2h du mat' et à 5h30, je suis un vrai zombie, je n'arrive plus à lutter contre la fatigue. Les yeux se ferment de plus en plus souvent. J'abandonne donc mes coéquipiers au km 150, épuisé. Je demande 20 minutes de sommeil à C&M puis je ferai le point, même si un abandon semble acté. Bien sûr, impossible de dormir et à 6h15, je décide d'en rester là. Tant pis, ce format de course ne me convient pas. Autant enchaîner chaque jour de longues distances me semble relativement aisé, autant ne pas pouvoir dormir une bonne nuit me parait insurmontable.

 

Michèle me propose un café que j'accepte volontiers, de toute façon, maintenant nous avons le temps ! Jean-Michel est passé depuis longtemps, Xavier a abandonné, je suis donc bien loin de tout le monde....

Je suis glacé, mais prends la décision de repartir en marchant jusqu'au lever du jour, juste pour ne pas abandonner là, maintenant, tout de suite.

Quelques pas pour rejoindre le bon côté de la route, une foulée, puis 2, puis 3... Ô miracle, les jambes répondent, aucune douleur, pas de courbatures, fraîches comme au départ il y a plus de 24h ! Incroyable ! La foulée est fluide, agréable, le rythme cardiaque est bon, je me sens bien !!! 2 km sur un nuage, C&M m'attendent, me donne ma bouteille d'eau, la course reprend.

Le jour se lève, tout va bien, il reste 80 km et cette distance semble tellement dérisoire. J'ai basculé du néant à l'euphorie depuis bientôt 2 heures et la foulée ne faiblit pas. Les côtes en marchant, les descentes et le plat en courant. En fait, depuis la décision d'abandonner, la course n'a jamais semblé si facile ! Les ravitos se succèdent assez vite, le caribou est lancé et pas de relâchement en vue.

C&M m'annoncent 5 coureurs devant à quelques minutes. La jonction va être rapide et je continue à filer à un bon 9 km/h. Cela peut sembler lent, mais comparé au 5-6 km/h du début de nuit, la différence est énorme. Je m'arrête quelques secondes à hauteur de chacun d'entre eux puis repars à bonne foulée.

 

A Brasparts, 11h du matin, Kalie et les enfants sont de retour avec une copine, Sylvie qui voulait passer un moment avec nous sur la course. Avec eux et Christian et Michèle, j'ai un soutien de choc. Nouvel arrêt, grosse collation, la forme est là. Plus que 57 km, une bagatelle. J'annonce à mes suiveurs une arrivée vers 19h à Roscoff, soit 37 heures de course environ.

Repartir est un peu difficile, j'ai trop mangé et le soleil ne se cache plus derrière les nuages. Qu'à cela ne tienne, je vais ralentir un peu en attendant que tout rentre dans l'ordre. Il y a encore du dénivelé jusqu'au lac du Drennec, alors prudence, la fatigue peut encore me tomber dessus, ça fait 32 heures que je suis réveillé. D'autant plus que l'impression de chaleur est accentuée par la fatigue. On dirait qu'il fait 30° alors qu'il en fait 22 tout au plus....

 

Lac du Drennec, km 200, un gros marathon et c'est terminé. Tous mes suiveurs sont là, ils ont pique-niqué en m'attendant.

Tous les 6-7 km, je change de bouteille d'eau, grignote un peu et ça repart. L'arrivée se rapproche, pas aussi vite qu'on aimerait dans ces cas-là, mais malgré quelques coups de chaud, c'est positif. Je vais avoir le droit à une glace à Guimillau, un bonheur ! C&M sont repartis vers Auray, ils profitent que je file à bonne allure et soit bien encadré pour rentrer plus tôt. Dommage, ils vont manquer sur la photo finish !!!

 

Sylvie et Kalie m'annoncent un coureur en difficulté devant. Surprenant car il me semblait bien que je ne verrai désormais plus personne. Il s'agit de S.Clément, mon acolyte d'hier, fatigué, avec des ampoules aux pieds. Je reste 1 km puis file, il ne reste plus qu'une vingtaine de bornes.

Soudain, un coureur dans ma ligne de mire, 500 m devant, juste avant de descendre vers la Penzé et filer vers Saint Pol de Léon. De loin, difficile de dire s'il est sur la course ou si c'est un gars qui fait son footing. Tant pis, les jambes répondent toujours bien, alors j'en remets une couche. A peine le temps de dire ouf et je suis à ses côtés. Il marche, un genou douloureux et bien sûr, fatigué. Il n'a plus d'eau, mais mon ravito est en bas et il pourra en prendre. Je suis reparti à bonne allure jusqu'à St Pol de Léon (km 237) où mon dernier ravito m'attendra, près du lieu de départ officiel de la Transe-Gaule. Souvenirs...

Je prends juste mon coupe-vent car la fraîcheur commence à se faire sentir, comme la fatigue. A peine 200 mètres et je croise Jean-Benoît Jaouen et Gérard Denis, les responsables de notre aventure. Il reste 5 kilomètres.

La fin de parcours semble interminable et le phare se fait de plus en plus désirer. J'ai hâte d'en finir ! Un moment, j'ai cru pouvoir passer en moins de 37 heures, mais je n'ai plus envie de tirer sur la machine. Etre encore en course à ce moment, plus de 12 heures après avoir faillit rendre mon dossard, c'est déjà un exploit.

 

Enfin, le voilà ! J'aperçois Gégé qui agite le Gwen ha du, je savoure les quelques centaines de mètres restantes. C'est bon, je peux exulter, dans quelques mètres je serai "finisher" de l'Intégrale de Gérard Denis et ses 243 km !

 

Je reviens de loin et pourtant j'en suis juste au même point qu'hier matin, il y a 37h04'30.... 

 

Suivi yanoo, photos et "classement": http://www.yanoo.net/news/5941-.html

 

 

Merci à Christian et Michèle qui ont passé une nuit agitée et de nombreuses heures à me ravitailler . A Kalie, Lena, Awen et Sylvie pour leur présence et leur aide également.

A Jean-Benoit et toute son équipe de bénévoles fidèles.

Aux autres coureurs et leurs équipes pour les encouragements et les moments partagés sur la route.

Intégrale de Gérard Denis 2014
Intégrale de Gérard Denis 2014
Intégrale de Gérard Denis 2014

Intégrale de Gérard Denis 2014

Partager cet article
Repost0

commentaires

B
Le suiveur de david daveau . Chapo je reste muet devant un de te exploit . Je te vu a fouesnant dormir ... puis sur la route ds le froid ... et soudain o pti dejeuner repartir .. chapo ....
Répondre
I
Bravo pour votre courage et votre performance !
Répondre